dimanche 5 octobre 2008

L'entre-deux

Drôle de titre, non?

C'est la description qui m'est venu à l'esprit quand j'ai voulu écrire sur la période où je suis branché sur le biberon. Je vous écris là-dessus parce que Marie-Josée me regardait cette semaine, couché, amorphe, asthénique, et elle m'a fait le commentaire suivant: ils ne savent pas vraiment ce que tu vis. "Ils" faisant référence à tous ceux qui lisent le blogue.

J'ai commencé par lui dire que je n'avais rien à dire d'intéressant pendant ces journées ou à tout le moins rien de positif. Tant qu'à écrire des choses déprimantes j'aime mieux pas écrire. Ensuite j'ai réfléchi un peu puis je me suis dit que cela peut être quand même intéressant de savoir ce qui se passe durant les journées 1, 2 et 3 et parfois 4 post-chimio. Je sais que je vous ai décrit sommairement le genre de creux d'énergie qui remontent par la suite durant ces journées. Ce que je désire ajouter aujourd'hui se passe entre les deux oreilles.
Mon cerveau, peu de temps après le branchement au biberon, a développé un "pattern". Il s'installe dans un genre de nuage moelleux mais en même temps pas très confortable (comme un lit d'eau, pendant 5 minutes tu te dis wow on est bien, après une demi-heure t'as mal au dos).

C'est comme si j'avais une expérience extra-sensoriel (out of body). Je m'observe être mou et amorphe, lourd et lent. La majorité des gestes demandent une énergie que mon cerveau pourrait forcer mon corps à faire mais il ne le fait pas. C'est comme s'il se disait: "pourquoi se lever du lit ce n'est pas vraiment nécessaire ". C'est certain que je suis gâté par mon entourage donc il y a une certaine complaisance. Mais mon cerveau le rationalise, il faut que je me repose pour récupérer au plus vite. C'est compliqué, non. Forces, forces pas, reposes toi, bouges toi les fesses. Il y a ce combat interne durant ces trois ou quatre jours. Ce va et vient intellectuel projette extérieurement une image de dépression. Marie-Josée m'observe à la loupe pour voir si c'est temporaire ou si je vais sombrer dans le désespoir. La réalité c'est que je ne suis certainement pas le Martin que vous connaissez durant cette période mais je ne suis pas non plus sur le point de verser réellement dans la dépression.

Après un cinquième cycle de chimio, il m'arrive de penser que je voudrais que ce soit fini, que je suis guéri. Je voudrais utiliser mon énergie à vivre plutôt qu'a combattre. Je ne suis pas certain que ce que je viens de dire est clair. En tout cas, arrivé à la quatrième journée post-chimio mon cerveau se relève de son nuage et il commence à penser à tout ce qu'il veut faire durant la période où l’énergie n’est pas pire. Pis là, il se rend compte qu'il n'aura pas le temps de tout faire et il doit prioriser.

On est la quatrième journée, je suis en train de prioriser…écrire mon blog, jouer avec Élodie, jouer avec les gars, donner un câlin à ma femme…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Salut Martin
J'ai lu ton cheminement depuis août.
Très touchant... Que de souvenirs me reviennent.
Le neupogen...fait confiance...
Let's go M-Josée et les enfants!!!
Prioriser...C'est un moyen pour toutes les petites et grandes victoires. Écoutes ton corps, accueilles, et tu sauras ce qui est le mieux pour toi, un moment À la fois...
Je suis avec vous...
Yolène

lili a dit…

Salut frèrôt,
C'est comme ça que les chats font quand ils dorment. Ils se mettent dans un état alpha. Ils peuvent ressentir les choses mais ils récupèrent comme ça. Peut-être que c'est la meilleure façon de faire et tu le fais instintivement. tu es et reste le meilleur juge.