mardi 12 mai 2009

La Faculté

Le 6 mai Marie-Josée et moi étions invités à contribuer lors d'une formation sur les soins aux familles données à la faculté des sciences infirmières de l'université de Montréal. Cette formation d'une semaine offerte aux infirmières inclus un entretien avec une famille éprouvée par une maladie grave (souvent le cancer). La responsable de cette formation, Mme D, connaît une infirmière de l'hôpital Sacré-Coeur. Cette dernière est l'ange de Marie-Josée qui nous a présenté à mon hématologue Dr L. Mme D cherchait une famille pour la semaine de formation de la semaine passée et nos noms lui ont été proposés.

Nous n'avons pas amené les enfants mais nous avions une photo et ils ont été le sujet d'une bonne partie des discussions.

18 infirmières/infirmiers étaient inscrits à la formation et observaient sur télévision en circuit fermé ou à travers une fenêtre l'entrevue conduite par la responsable de la formation.
Un des objectifs était de démontrer aux participantes une méthode d'approche de la famille dans le but de mieux la connaître (pas seulement le malade) et ainsi pouvoir prodiguer des soins plus adaptés voire meilleurs.

Note: Mme D, si vous lisez mon blogue et que vous voulez me corriger, ne vous gênez pas pour m'écrire.

L'entrevue principale a duré tout près de 2 heures. Nous avons répondu à des questions, exprimé des émotions, pleuré pas mal. Nous avons parlé de la maladie mais pas de façon précise, plutôt en toile de fond pour le reste.

Ensuite, le groupe s'est réuni pour recueillir les impressions de chacun. Qu'avaient-elles retenu? Qu'est-ce qui les avaient marqué? Que feraient-elles de différent lors du retour au travail. Pendant ce debriefing c'était notre tour d'être les observateurs derrière la fenêtre.

Finalement nous avons eu le dernier mot en ayant l'occasion de commenter sur leur debriefing.

La base de la méthode d'entrevue est un outil que Mme D appelle un génogramme. C'est une sorte de graphique ressemblant à un arbre généalogique. Mme D explique que cela aide à voir le patient dans un contexte plus large. Il n'est pas le seul à être affecté par la maladie. Tous les gens qui gravitent autour de lui le sont d'une manière ou d'une autre et ces derniers en retour ont un impact sur la réaction du patient à la maladie.

Sans donner trop de détails sur le génogramme il est toutefois important de savoir qu'avec cet outil Mme D a ouvert la porte toute grande aux émotions. Cette une façon toute simple d'engager la personne devant vous à partager des éléments très profonds.

Ceux qui me connaissent savent que je n'ai pas besoin d'avoir la porte grande ouverte pour partir mon moulin à parole et je me demande si à quelques reprises Mme D ne s'est pas posé la question « comment faire pour l'arrêter pour revenir à mes questions. » Mais, mais, mais, j'ai quand même réussi à m'arrêter pour que Marie-Josée puisse elle aussi partager son point de vue ;-)

D'ailleurs, cette période d'échange dirigé a permis à Josée et moi de se découvrir un peu plus. Il y a beau faire 25 ans que nous sommes ensemble, notre vision de la perspective de l'autre sur certains sujets a changé … ou évolué.

En résumé nous avons touché les sujets suivants :

  • Relation avec nos parents respectifs (aussi avec mes frères et sœurs)
  • Relations avec nos enfants
  • Comment avons-nous appris la nouvelle de la maladie
  • Comment avons-nous communiqué la nouvelle aux enfants
  • Ce que chacun de nous amène à l'autre
  • Comment chacun de nous vit ou réagit à la maladie
  • Identifier la force de l'autre pour vaincre la maladie (pas seulement le malade)
  • Identifier les forces des enfants pour passer à travers cette épreuve

De tout ce qui s'est dit ce matin là, j'ai demandé à chacune de retenir au moins ceci : Si vous ne trouvez pas le moyen de donner de l'espoir à vos patients ayez au moins la sagesse de ne pas leur enlever celui qu'ils ont, car l'espoir est la base de tout traitement. L'espoir ne guérit pas tout mais sans espoir personne ne guérit.

Le message de Josée a été dans la mesure du possible de se concentrer sur la personne et lui faire sentir qu'elle est importante, le malade comme les membres de la famille.

Josée et moi avons été enchantés de cette demi-journée. Je crois que toutes les participantes et participants ont aussi appréciés. Plusieurs nous ont attendus à la sortie de la salle pour nous témoigner leur appréciation de notre candeur. Je peux vous dire que c'est toujours agréable de se faire dire qu'on est bon pis fin ;-)

Un des commentaires qui nous a le plus touché a été: « on voudrait toutes se faire adopter par vous ». Pour un couple dont l'un des objectifs principaux est d'être les meilleurs parents possible, ce sont des mots qui vont droit au cœur.

Marie-Josée et moi remercions Mme D de nous avoir invité et toutes les infirmières et tous les infirmiers pour leur chaleur et leurs commentaires. Nous leur souhaitons bonne chance dans la continuité de leur travail qui demande une grande compassion pour son prochain.

2 commentaires:

Jean-Jacques a dit…

'' Si vous ne trouvez pas le moyen de donner de l'espoir à vos patients ayez au moins la sagesse de ne pas leur enlever celui qu'ils ont, car l'espoir est la base de tout traitement. L'espoir ne guérit pas tout mais sans espoir personne ne guérit. ''

Toute personne qui prend soin des malades doit garder cette phrase en mémoire.


Tu as raison Martin,

Lâche pas,

Jean-Jacques

Anonyme a dit…

Je trouve que cette phrase peut s'utiliser dans la vie de tous les jours. Nous devons tous garder l'espoir de te garder longtemps avec nous. C'est si bien dit. Je me répète mais merci encore de partager.