dimanche 11 janvier 2009

C'est pas juste

Dernièrement Marie-Josée me disait avec beaucoup d'émotions que ce n'était pas juste que nos enfants aient à vivre avec le cancer d'un parent. J'ai tout de suite minimisé en disant que cela les rendraient encore plus à l'écoute des autres, qu’ils seraient plus mature plus vite, que les épreuves forment le caractère.Hier nous sommes allés faire du ski. Il s'agissait du jour 4 post chimio #11. Je me sentais mieux que je ne l'aurais pensé. J'avais contribué pas pire à la préparation et j'ai conduit jusqu'à la montagne. Nous sommes arrivés au mont Habitant et nous sommes embarqués sur les pentes à midi. Le froid semblait ne pas trop m'affecter. J'ai fait deux descentes et nous avons pris une pause. Diner, repos et toilette... Je ne suis pas retourné.

L'énergie avait quitté mon corps comme une voleuse, rapidement sans avertir. Marie-Josée est retournée skier avec les trois enfants, sans moi. Pendant ce temps, je retirais mes bottes, mettais mon équipement dans la fourgonnette et m'endormais sur le siège avant. Je me suis fait réveiller par un appel de cellulaire. C'était Josée mais je n'ai pas répondu à temps. Je suis donc sorti de la van et me suis dirigé vers le remonte pente. J'ai croisé Josée qui se dirigeait à la toilette avec Élodie. Les deux gars étaient repartis pour une descente en attendant. Le sentiment qui m'a envahi quand j'ai réalisé que je n'avais pas pu aider ma femme à gérer les enfants, ouf!

Marie-Josée malgré mon insistance s'est occupé d'Élodie. Moi je suis retourné dans la voiture. Je ne me suis pas rendormi mais je me suis reposé au point où je me croyais ragaillardi. J'ai donc quand même participé au rapatriement du matériel à la fin de la journée de ski: 15:40. En moins de trois heures de ski, la famille a réussi à enfiler 7 descentes (même huit pour Tristan qui en a fait une tout seul). Puis j'ai insisté pour prendre le volant que ma femme s'offrait à prendre. Par contre il me semblait essentiel de prendre un café au Tim de St-Sauveur. Malgré la caféine, ma femme, m'observant, me supplie de la laisser conduire. Ce à quoi j'acquiesce à la hauteur de Mirabel où dès que j'ai pris place à droite, je m'endors comme un enfant.

Mon réveil s'est fait au Costco de Boisbriand lorsque mon épouse et mon plus vieux vidaient le panier après des emplettes de 45 minutes. Tout ce temps j'ai dormi dans l'auto avec mes deux autres enfants. Ma femme était souriante et mon plus vieux était tout aussi enthousiaste d'être l'homme de la famille. C'est là que j'ai craqué. Je me suis mis à pleurer et j'ai dit à ma femme, ce n'est pas juste... Marie-Josée surprise me demande qu'est-ce qui n'est pas juste?
Ce n'est pas juste que mes enfants aient à vivre avec mon cancer. Ce n'est pas juste qu'ils aient à devenir vieux si vite. Tristan a continué à agir en homme en arrivant à la maison. Il a vidé la fourgonnette avec sa mère, il a entré du bois pour le foyer et tout ça avec le sourire et la force d'un jeune homme. Je vous rappelle qu'il a 11 ans pas treize, pas quinze, onze ans. Jordan lui, à 9 ans, a parti le feu de foyer.

Les émotions se mélangent dans une période comme celle là. Je suis fier d'avoir des enfants comme les miens. Mais en même temps, je me suis senti comme la moitié d'un homme n'étant pas capable d'aider. Ma femme doit supporter un poids colossal à cause du cancer. Une vie que nous menions daredare avec deux adultes en pleine possession de leur moyen, c'est tout autre chose quand on devient 1 et un quart. La répartition des tâches n'est pas égale, Marie-Jo fait maintenant du 1 et 3/4 alors que moi je fourni 1/4. Pire, dans mes journées post-chimio, je ne fourni rien et je deviens un fardeau. Vous comprenez ici que le style de vie et le rythme reste au même niveau donc Josée doit fournir plus que sa part.
Ce n'est pas juste.

C'est fou parce que la justice a toujours été un sentiment cher à mon cœur. La plupart des querelles de ma vie ont été à cause d'injustice (perçue ou réelle). Au hockey, au soccer, les arbitres et les joueurs adverses se faisaient enguirlander si je voyais de l'injustice. Avec ma femme, dans les débuts, les chicanes avaient souvent pour sujet une injustice quelconque. Finalement, on dit que le cancer donne des leçons, qu'il faut écouter pour bien saisir. C'est difficile mais je tente d'être à l'attention. Dans ce cas-ci je crois que quelqu'un essaie de me faire comprendre que l'orgueil ne devrait pas exister, que la fierté est un sentiment beaucoup plus noble.

Aussi, il faut que j'apprenne à vivre, temporairement, avec des limitations dues à mes traitements et accepter l'aide des autres même quand les autres sont ma femme et mes enfants. J'en ai pleuré un coup hier, j'étais probablement dû ... ou j'étais faible à cause des traitements (clin d'œil ;-)

J'aurais d'autre choses à dire mais je me sentirais redondant alors bonne journée!

4 commentaires:

lili a dit…

salut martin! Ce que je comprends c'est que malgré ta maladie (tu n'as pas voulu en passant)tu réussis à te sentir coupable. Du plus loin que je me souviennes, tu as véçu de la culpabilité. Je te souhaite de garder ta fierté et de te débarasser de ce fléau que la culpabilité. Tu es un être humain exceptionnel. J'aimerai te partager ce que vivre avec maman , les dernièeres années m'ont permis de comprendre. Maman et nous autres aussi, nous n'avons pas peur de mourir, nous avons peur de vivre. C'est la raison pourquoi lorsque nous arrivons près de ce moment qu'est la mort nous avons des regrets et encore de la culpabilité. Peut-être que je suis dans le champ, penses-y pareil. Et maintenant je te souhaite de commencer à vivre ici et maintenant. C'est par l'exemple que l'on prêche. Je t'aime et mon souhait pour vous autres cette année, c'est que vous puissiez vous amuser et rire ensemble, voir de la vie dans vos yeux. (J'ai véçu avec quelqu'un qui mourait à petit feu cela n'a pas toujours été facile de voir quelque'un que tu aimes souffrir, je peux comprendre votre sentiment d'impuissance).

Anonyme a dit…

Salut Martin,

J'ai lu ton blogue avec beaucoup d'émotions cet après-midi, mais tu sais, aller faire du ski avec trois enfants et tout ce que ça comporte:la préparation,l'habit de neige qui nous fait sentir tout pogner, le transport des skis du stationnement au remonte-pente,ect c'est épuisant pour n'importe qui en pleine santé (parle-en à Yves, il ne viens plus avec nous tellement il était drainer)alors moi je te lève mon chapeau de l'avoir fait et je suis persuadé que malgré le fait que tu n'ai pu t'impliquer autant que tu ne l'aurais souhaiter ta présence fut très appréciée! Tu sais Martin, il y a des moments dans la vie plus propice à donner et d'autres à recevoir. Je suis certaine que malgré les sentiments que tu ressens, Josée et les enfants sont heureux de bien pouvoir t'aider un peu. Lâche pas Martin,bon courage, nous pensons à toi !
Isabel(ton ancienne voisine d'en arrière)

Anonyme a dit…

Allo Martin,

Tu as su faire monter les larmes dans mes yeux. Dans la vie, on ne choisis jamais la maladie. Nos conjoints, nos enfants nous aiment et parfois quand on a moins d'énergie c'est les autres qui nous en donnent et vis versa. Tout pour garder l'équilibre.

Je vie avec une maladie chronique depuis plusieurs années, j'ai appris à être résiliante et à vivre au jour le jour. Je sais que je voudrais souvent faire plus, mais la réalité est que je me surpasse à chaque jour. C'est en faisant les petites choses, les plus infines que tu es un joueur dans l'équipe qu'est ta famille.

Les enfants veulent vous donner un coup de main à Marie-Josée et toi. C'est aussi important de leurs donner la chance d'essayer de participer comme ils le peuvent.

Tu as la chance d'avoir une famille qui t'aime et qui est heureuse que tu sois avec eux même si c'est en faisant la sieste dans la voiture, partager le repas et quelques fous rires. Ça c'est merveilleux et rien ne remplace ces moments en famille.

Je pense à toi et ta famille.

Nathalie S.xx

Anonyme a dit…

lache pas Martin.
sylvain de 3R